Dans cet article, vous trouverez une traduction et une adaptation d’un article de Chris Kresser: «Chinese Medicine Demystified (Part IV): How Acupuncture Works.»
La majorité des consultations en acupuncture concernent la douleur. Et ce n’est pas par hasard: l’acupuncture offre des résultats impressionnants dans le traitement et la gestion de la douleur, même chronique.
Dans l’article précédent, «Comment fonctionnent la médecine traditionnelle orientale et l’acupuncture», je comparais la médecine traditionnelle orientale (MTO) et la médecine occidentale, il est maintenant temps de faire des liens entre les deux. Je vous expliquerai donc comment on peut faire la correspondance entre le fonctionnement de l’acupuncture et des notions biomédicales occidentales, dans l’utilisation de l’acupuncture pour le traitement de la douleur. Certains chercheurs remettent d’ailleurs en question la traduction des textes chinois anciens, ce qui pourrait potentiellement prouver que les médecins chinois d’il y a 3000 ans avaient déjà une conception du corps humain et de son métabolisme qui se rapproche beaucoup de la vision des physiciens modernes.
Bien que l’acupuncture soit utilisée pour soulager une multitude de syndromes, physiques et psychologiques, nous nous attarderons aujourd’hui sur le soulagement de problèmes physiques causant de la douleur, qu’elle soit chronique ou non. Ainsi, nous nous concentrerons sur 3 effets fondamentaux qu’un traitement en acupuncture peut apporter:
- Réduction de la douleur
- Diminution de l’inflammation
- Rétablissement de l’homéostasie (équilibre du corps)
De plus en plus de chercheurs travaillent à établir des liens solides entre les effets de l’acupuncture et une explication plus biomédicale (ou physiologique) du phénomène. Déjà, en 1976, Leon Chaitow écrivait dans The Acupuncture Treatment of Pain, «qu’il n’est pas contradictoire de parler d’acupuncture en termes d’énergie et de mécanismes physiologiques». Il parlait déjà de l’effet analgésique de l’insertion des aiguilles, de son effet sur les influx nerveux, et n’a cessé de s’intéresser au sujet depuis.
Des recherches plus récentes, s’appuyant sur la théorie des tissus conjonctifs, prennent de l’essor depuis les dernières années. Cette théorie, déjà utilisée comme base de la pratique myofasciale et de celle des points gâchettes (trigger points), est employée par des gens comme la docteure Hélène Langevin comme une nouvelle manière d’envisager le mode de fonctionnement de l’acupuncture.
Que sont ces tissus conjonctifs?
Ce sont les tissus les plus abondants et répandus dans le corps humain, ils servent à fixer et soutenir (os, cartilages), à protéger (os et tissus adipeux), à isoler (tissus adipeux) et à transporter (tissu sanguin). En bref, les tissus conjonctifs sont partout: ils comblent les espaces laissés libres entre les différentes structures, se composent de protéines et de liquide interstitiel et peuvent se présenter sous toutes les formes, de liquide à solide.
Certains points d’acupuncture (points déclencheurs) sont nommés points Ah Shi. Il s’agit de points qui deviennent douloureux ou sensibles au toucher, en association avec certains troubles. En observant les structures sous-jacentes à ces points, Dre. Langevin a pu établir que ceux-ci sont situés à proximité de récepteurs puissants de la douleur: les mastocytes, des cellules qui contiennent des médiateurs chimiques capables de libérer des substances analgésiques naturelles (sérotonine, histamines, héparine). Il a aussi été prouvé que, par l’introduction et la stimulation d’une aiguille dans les tissus conjonctifs, le corps améliore la communication avec les neurones et le cerveau et stimule le système immunitaire. En bref, l’introduction de l’aiguille «fait un appel», sur un site précis, à l’intention de la circulation sanguine et lymphatique ainsi que des substances autorégulatrices de la douleur. L’aiguille indique au corps où envoyer ses mécanismes naturels de défense.
La stimulation à l’aiguille des mastocytes favorise la libération de substances qui agissent sur:
- Les réactions allergiques
- L’immunité innée et acquise
- Le maintien de la vie des neurones
- La réponse inflammatoire
- Le développement des cellules T (impliquées dans la réponse immunitaire)
- Le métabolisme
- La réponse nerveuse
- La guérison
Finalement, Langevin affirme que l’insertion d’une aiguille d’acupuncture dans un muscle équivaudrait à un étirement de 30 minutes de ce même muscle… et il est beaucoup plus agréable de relaxer sur la table de votre acupuncteur que de vous tenir dans une position d’étirement inconfortable pendant une demi-heure!
Voici donc une explication succincte des effets de l’acupuncture sur la douleur. Planifiez une rencontre avec votre acupuncteur pour voir comment vous pouvez aussi profiter de ces traitements pour peut-être enfin laisser derrière vous ces antidouleurs qui comportent souvent de nombreux effets secondaires. Un plan unique et adapté à vos besoins, c’est ce qu’il vous faut pour accéder à une vie plus active et sans douleur.
Références
- Comment fonctionnent la médecine traditionnelle orientale et l’acupuncture
- Leon Chaitow, The Acupuncture Treatment of Pain, Healing Arts Press, 1976.
- Leon Chaitow, The Amazing Fascial Web: Part I
- Dr. Hélène Langevin, The Science of Stretch
- Chris Kresser, Chinese Medicine Demystified: A Case of Mistaken Identity
- Peter Chin Wan Fung, Probing the mystery of Chinese medicine meridian channels with special emphasis on the connective tissue interstitial fluid system, mechanotransduction, cells durotaxis and mast cell degranulation.
- cmjournal.org/content/pdf/1749-8546-4-10.pdf